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Le blog de Meryama

Du Sénégal au Mondial

11 Juin 2010 , Rédigé par mery Publié dans #L'école du voyage

 

 

 

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Le coup de sifflet pour la coupe du  monde 2010 est  donné, tous  les regards se dirigent vers l’Afrique du Sud  pour suivre  cet évènement planétaire  aux  dimensions sportives  ,culturelles, historiques, financières et politiques.

Bien que  le foot me passionne, cet événement m’a surtout rappelé mon séjour au Sénégal , ce fut un de mes plus beaux voyages.

Je garde toujours le souvenir de l’île de Gorée, située à quatre kilomètres au large du Dakar,  à vingt minutes par la chaloupe, elle est l’un des endroits les plus magnifiques du Sénégal, ses palmiers,  son sable , son architecture rappellent au  visiteur qu’il est bien au cœur  de l’Afrique , le lever et le coucher du soleil sur cette île me facisinait.

Parmi les importants « monuments » historiques du Sénégal qui se trouvent dans cette île , on trouve  la  "Maison des Esclaves" , qui fut construite vers 1780 dans la rue Saint-Germain  par Nicolas Pépin, frère de la signare Anne Pépin. Cette bâtisse aurait été la dernière esclaverie en date à Gorée. Les premières remontent à 1536, construites par les Portugais, premiers Européens à fouler le sol de l'île en 1444.

Les explications du guide lors de notre visite à cette maison, les cellules des prisonniers, les descriptions de la torture qu'ils ont subi  m’ont révolté. Pourquoi tant d’injustice, tant de haine dans ce monde ? Comment pouvait-on être à ce point dépourvu d’humanité et de dignité ? Comment pouvait-on faire tant de mal à des hommes, des femmes et des enfants dont le seul "crime" est leur couleur de peau ?

La visite de ce triste symbole  de la traite négrière, rappelle l’histoire triste de l’Afrique, le racisme et l’injustice. J'ai encore le souvenir du  mot de Joseph Ndiaye, jusqu'à récemment "conservateur" du Musée des Esclaves :
"La traite des Noirs fut un des plus grands génocides que l'humanité ait jamais connus. Pendant trois siècles et sans répit ils furent chassés, traqués, arrachés à leur sol natal sous la torture et l'humiliation. Ce transport brutal et massif de millions de Noirs permit à la quasi-totalité du Nouveau Monde de construire ses réalités politiques, économiques et sociales. On prenait en effet les plus jeunes, les plus robustes et les plus forts ; séparant mères et enfants, bouleversant l'équilibre démographique.Voila comment s'explique le long retard que l'Afrique a pris sur la voie du développement." Ces phrases  disent beaucoup sur la souffrance et l’humiliation de ces "prisonniers"
.

Après deux semaines passées dans cette merveilleuse île, nous nous sommes dirigés vers Dakar en gardant à la fois ,les souvenirs de cette page sombre de l’histoire de ce pays,  et les vues panoramiques et indescriptibles de cette magnifique île.

Une fois nous avons  visité le parlement sénégalais- très différent du nôtre- nous nous sommes rendus au Boulevard principal de Dakar, pour faire les boutiques. A ma grande surprise, j’ai rencontré beaucoup de commerçants marocains, majoritairement des « fassis » vendant du tissu de bonne qualité , à des prix nettement moins chers qu’au Maroc .J’étais aussi , surprise par le nombre de boutiques vendant les cheveux , il faut dire que les femmes sénégalaises assument bien leur féminité et qu’elles consacrent un bon budget pour acheter  de jolis cheveux et se faire belles. A vrai dire, j'ai trouvé assez  cocasse ce business , le "business des cheveux": des femmes d'Asie,d'Europe et d'Amérique qui ont de beaux cheveux s'en privent et les vendent, et d'autres sont prêtes à débourser une fortune pour les avoir, Et oui ca coûte cher les cheveux!!!  Mais  ce qui ma interessé le plus en faisant les magasins, ce sont  les  bijoux en ivoire, et  je me suis offerte de très jolis bracelets.

Et comme on ne peut pas visiter le Sénégal sans voir l’une de ces merveilles, nous avons passé toute une journée  au Lac Rose. Situé  à 40 km au nord de Dakar sur la Grande Côte, le Lac Retba  ou le Lac Rose du village de Sangalkam est une curiosité naturelle, rendu célèbre par les arrivées du rallye Paris-Dakar. On l'appelle le Lac Rose parce que la forte teneur en sel, les algues microscopiques et les micro-organismes de son eau lui donnent une couleur rose. Selon l'heure et la lumière, il passe par toutes les nuances du rose, jusqu'au mauve en fin d'après-midi.

Tout le monde se met au travail  dans ce lac : Les hommes dans l'eau jusqu'à la poitrine et le corps enduit de beurre de karité pour protéger leur peau de la salinité corrosive du lac, cassent avec un piquet appelé "Djodj" les croûtes de sel déposées sur le fond avant de le ramasser à la pelle pour remplir les pirogues d'une capacité d'une tonne et demie. Les femmes sont chargées de débarquer les pirogues, le sel est entassé sur les bords pour sécher et blanchir au soleil pendant 4 jours. Les 50.000 tonnes de sel extraits chaque année servent à la conservation du poisson et sont principalement vendus aux pays voisins.

Ensuite , et pour « libérer » nos yeux de la couleur rose, après les heures passées  à admirer le travail acharné de ces hommes et ces femmes , qui croient aux vertus  de l’effort et de la persévérance, il était temps de partir faire une jolie baignade. Direction la ville touristique "Saly Portudal".

A  80 Km au sud de Dakar,  cette ville dispose d’une côte paradisiaque, on s’y sent tout simplement détendu et relaxé. Elle offre au visiteur un paysage indescriptible.Nous y sommes restés dix jours,qui sont, d'ailleurs, trop vite passées. 

Ce séjour à Dakar et mes rencontres avec des personnes de différentes nationalités (ivoiriennes, togolaises, nigériennes,…) m’ont permis de constater que l’Afrique est certes, un continent qui recèle d’importantes  ressources humaines, qui ont du potentiel, mais malheureusement, beaucoup d’entre elles tient un discours qui fait d’elles  des "victimes", incapables , parfois de prendre leur destin en main et d’aller de l’avant.

Dans ce sens, les propos de  Nicolas Sarkozy dans son discours à Dakar le  26 Juillet 2007, où il affirmait que « L’Homme africain n’est pas  assez entré dans l’histoire …, jamais l’Homme ne se lance dans l’avenir, jamais il ne lui vient à l’idée de sortir  de la répétition pour s’inventer un destin… Le défi de l’Afrique c’est de rester fidèle à elle-même sans rester immobile…» ne sont pas tout à fait faux.

Bien que ces phrases ont été jugés par un grand nombre d’observateurs politiques comme étant  racistes et dénigrantes , il faut aujourd’hui avouer qu’il existe encore des pays qui continuent à réinventer la roue et à se conforter dans leur "position de victime" du colonialisme .Toutefois, ne citer que ces facteurs pour expliquer le sous-développement de ce pays serait un raisonnement partiel et partial.

 Le colonialisme  a, certes, handicapé de nombreux pays africains, mais aujourd’hui, il faut reconnaitre qu’ils ont pu  le dépasser à des degrés variables. Quoique certains d’entre eux ,  doivent encore  se répéter qu’ils  ont le devoir de s’automandater, de tirer les leçons du passé et d’aller de l’avant sans attendre d’être assisté. Il est aussi du  devoir des immigrés de ces pays  là où ils sont, de penser à contribuer  au développement de leurs pays  d’origine, et d’apporter des idées nouvelles et novatrices, pour ne pas réinventer  la roue.

Le chemin vers le progrès est encore très long …

Je préfère arrêter  ces analyses de l’histoire et de l’avenir de l’Afrique, et  revenir à la coupe du monde 2010, pour dire  que  le bruit  assourdissant des vuvuzelas, très désagréable, et  qui m’oblige parfois à diminuer le son de la télévision pour suivre un match, n’est  heureusement pas représentatif des rythmes éclectiques de l’Afrique.

Les rythmes africains sont sublimes, et les danses africaines sont magnifiques. Parmi les choses cocasses,  que je garde  encore dans ma mémoire, de mon séjour au Sénégal, c’est la vitesse avec laquelle j’ai appris la danse du « TAM TAM », c’est comme si mon corps s’y prêtait. Je m’amusais à lancer des défis à mes amies sénégalaises  .  Ca me manque tellement : « Meryamatou », le prénom que je me suis inventée, les cheveux tressés et des danses à couper le souffle. je me suis transformée , le temps d'un séjour  , en une vraie sénégalaise.  Que  de beaux souvenirs !

J’aimerais, à la fin de cet article, remercier toutes les personnes qui m’ont très bien accueilli  au Sénégal  , avec un  joli sourire, qui m’ont appris  énormément sur l’histoire de l’Afrique, qui m’ont inspiré , qui m'ont raconté leurs joies et leurs souffrances ...

Merci à ces femmes , à ces hommes  et à ces enfants qui n’ont pas de richesse matérielle, mais qui ont un grand coeur. Merci encore !

 

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